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vendredi, mars 11, 2005

Le père d'une "Choriste" réclame une rémunération pour sa fille


LE MONDE 09.03.05 14h39

Les jeunes chanteurs du collège Saint-Marc de Lyon enchaînent les concerts après le succès des "Choristes" : 1 million de DVD du film et 1,5 million de CD ont déjà été vendus.


Francis Hartmann est le père d'une jeune chanteuse du Chœur du collège Saint-Marc de Lyon, qui a été projeté sous les feux de la rampe grâce au succès du film Les Choristes. Or, selon ce parent, les fruits de ce triomphe ont été bien mal partagés puisque les vocalistes "n'ont pas touché un centime".

Malgré les 8,5 millions de spectateurs en France en 2004, malgré le million d'exemplaires atteint par les ventes du DVD et malgré le million et demi de CD écoulés - le disque vient d'obtenir le prix de l'"album de musique originale de cinéma ou de télévision" lors des 20es Victoires de la musique. Mardi 8 mars, M. Hartmann a annoncé qu'il envisageait d'engager une procédure judiciaire au civil, son avocat, Me Alain Jakubowicz estimant qu'il y a un "problème d'ordre juridique, financier et moral".

On songe évidemment à un remake de l'affaire Etre et avoir : le succès surprise d'un film avec des mineurs inconnus amène leurs parents à réclamer une plus grosse part du gâteau. Mais Les Choristes est une œuvre de fiction, et non un documentaire, et ses protagonistes sont des interprètes, et non de simples écoliers.
Seul le gain est, dans les deux cas, au cœur du différend. Car si les enfants - et leurs parents - ont été privés d'argent de poche, ce n'est pas le cas de l'association (loi 1901, donc à but non lucratif) de cette chorale, créée en 1986, aujourd'hui maîtrise de la basilique de Fourvière. Pour l'interprétation des chansons, elle a reçu de Galatée, la maison de production de Jacques Perrin, 21 000 euros, puis un avenant de 1 % sur les ventes du CD. Soit 121 000 euros à ce jour.

Selon l'avocat de M. Hartmann, Me Alain Jakubowicz, "les artistes- interprètes perçoivent généralement de 8 % à 10 % du prix de vente hors taxe". L'avocat de Galatée, Me Thierry Lévy, conteste ce chiffre et estime que la somme globale est "supérieure à ce que les chanteurs auraient obtenu s'ils avaient signé des contrats individuels".

Le compositeur Bruno Coulais, qui touche 13 % du prix de vente du CD, estime que, avec "21 000 euros pour deux séances d'enregistrement de trois heures chacune, la chorale coûte plus chère que le London Symphony Orchestra. Je trouve révoltant que l'on mette en question l'honnêteté de Jacques Perrin". En tant que producteur, Galatée touche 8 % des ventes, alors que la maison de disques Warner, qui a obtenu un contrat de licence pour la promotion, le marketing et la distribution, en perçoit 70 %.

Le problème pourrait aussi être juridique, selon Me Jakubowicz, qui note qu'"aucun contrat par interprète n'a été signé et qu'aucune déclaration n'a été faite à la Spedidam - Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes de la musique et de la danse -." Pour Me Lévy, un contrat a été passé avec l'association qui "représentait tous les enfants" : "Depuis le début, les parents trouvent cette situation normale, car les enfants sont bénévoles. L'association peut ainsi financer ses activités comme l'enregistrement de disques."

Reste le litige moral qui concernerait la seule tournée des choristes, organisée depuis novembre 2004 par le producteur Thierry Suc. Cette fois, des contrats ont été signés par interprète. Chaque choriste reçoit 52,35 euros par concert et chaque soliste le double. Les cachets sont encore reversés à l'association de la chorale.

M. Hartmann dénonce des cadences infernales avec "des week-ends complètement fous de trois jours, à enchaîner concerts, plateaux de télévision et séances de dédicace dans les grandes surfaces. Ils peuvent terminer à minuit, voire plus tard. Ma fille s'est endormie pendant les cours. Cela a poussé une dizaine de parents à démissionner de l'association".

Lundi 7 mars, l'inspection du travail a fait annuler un concert à Metz (Moselle) en raison de l'horaire du concert (20 heures), jugé trop tardif pour des enfants. "Il y a eu dérapage au niveau du chœur qui a accepté tout et n'importe quoi dans la plus parfaite opacité", conclut M. Hartmann. Le chef de chœur de la chorale, Nicolas Porte, était injoignable mardi 8 mars.

Bruno Lesprit

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